Le Jardins des délices est structurée en triptyque, format souvent utilisé par les
peintres du début du XVeme siècle jusqu’au début du XVIIeme siècle, dans la partie
septentrionale de l’Europe.
Jérôme Bosch peint Le Jardin des délices à l’époque des artistes appelés « Primitifs
flamands ». Cette période se déroule de la première moitié du XIVème siècle ; elle
représente un courant artistique particulier de la Renaissance en Europe, détaché de
l’influence de l’Italie.
Outre Jérôme Bosch, les peintres les plus représentatifs de
cette période sont Jan van Eyck, Pieter Bruegel l’Ancien, Hans Memling, Gérard
David et Juste de Gand.
Bien que le tableau ne soit pas signé, son attribution à Jérôme Bosch n’a jamais été
mise en doute. Néanmoins, il n’y a pas d’unanimité quant à la date de sa création, en
raison du manque de documentation.
Volets fermés.
Le triptyque fermé représente le troisième jour de la Création du monde, lorsque les
eaux ont été séparées de la terre et que le Paradis a été créé.
Cette partie de l’oeuvre est peinte en nuances de gris, sans couleurs, car le Soleil et
la Lune n’existaient pas encore.
Presque la totalité de sa surface laisse voir un globe
transparent dont on voit les murs grâce à des reflets de lumière dans sa partie
gauche. Ce globe contient une île qui comprend une grande plaine surmontée de
collines et quelques arbres : c’est la Terre représentée sous la forme d’un disque.
Au-dessus d’elle, le ciel est chargé de nuages noirs et dessous, le globe est empli
d’eau.
La sphère représente la fragilité de l’univers, où il n’y a pas encore d’animaux ou
d’hommes, seulement d’étranges formes végétales et des montagnes.
En dehors de la sphère, dans l’angle supérieur gauche de la représentation, Dieu est
assis avec un libre à la main. Il est en train de créer le monde, nous sommes au
troisième jour de la Création.
Panneau de gauche: Le Paradis
Le panneau représente une scène en trois plans :
-le premier correspond au tiers inférieur du panneau et il expose le thème principal
de la scène : la présentation d’Ève et son union avec Adam, célébrée par Dieu. La
carnation des trois personnages, leur clarté, et la robe de Dieu contrastent avec le
vert de la végétation qui les entoure. À gauche d’Adam, on voit un arbre exotique
que les recherches ont identifié par la forme caractéristique de son tronc comme un
dragonnier des Canaries, que les chercheurs en histoire de l’art associent à l’arbre
de la vie.
-au second plan, un lac occupe toute la largeur du tiers médian du panneau avec
une fontaine peinte en rose. Les chercheurs la rapprochent de « la fontaine de la
Connaissance » ; elle se situe exactement au centre du panneau. À sa droite,
apparaît l’arbre de la connaissance du bien et du mal, dont les branches portent des
fruits et autour duquel s’enlace le serpent. Dans cette partie du tableau on trouve une
faune composée d’animaux réels mais exotiques en Europe, et d’espèces
fabuleuses.
-le tiers supérieur du panneau montre une chaîne de montagnes en bleu, où habitent
quelques groupes d’oiseaux.
Panneau central: L’Humanité avant le Déluge.
Ce panneau est le plus riche en détails :
il y a une multitude de personnages,
dévorant de gigantesques fruits, qui côtoient un grand nombre d’animaux dans un
endroit où le vert est la couleur prédominante. Il est également divisé en trois plans
horizontaux :
-au premier plan, plus de 120 personnages nus sont représentés, hommes ou
femmes, de peau blanche ou noire. Ils se mêlent selon des poses impudiques et
charnelles au cours de conversations, de festins autour de fruits énormes ou de
danses folles. L’act sexuel est sous-entendu et ominiprésent même s’il n’est jamais
clairement représenté.
En bas à droite, un couple est accompagné d’une troisième
personne : il s’agit de Noé, Adam, et Ève, après avoir été éjectés du Paradis.
-au deuxième plan, une autre multitude d’hommes forme une ronde autour d’un large
bassin dans lequel quelques baigneuses s’amusent. Ces hommes montent des
animaux dont certains sont fantastiques, tel que le cheval à tête de chat et un portant
une corne sur le front.
-au dernier plan, quatre fleuves, dont chacun prend sa source dans des montagnes
de couleur bleu ou rouge, convergent en un point au centre duquel s’élève
également une nouvelle création fantastique, la Fontaine de l’Adultère. Ici, les
hommes deviennent très rares, laissant la place à des êtres plus fantastiques. Dans
le ciel, on aperçoit des oiseaux, des anges ou des êtres hybrides, comme le poisson
volant.
Panneau de droite: l’Enfer.
Le panneau de droite offre un grand contraste chromatique avec les deux autres
panneaux, on change le vert de la nature contre une majorité de couleurs chaudes
(brun, ocre) et noirs. Le panneau est construit chromatiquement par une opposition
entre les couleurs froides des personnages (carnation, vêtements) et un fond de
couleurs chaudes (sol, obscurité, feu, ...).
L’Enfer de Bosch est animé par des êtres
monstrueux et agressifs.
La panneau est divisé, comme les autres deux, en trois parties mais ici les divisions
apparaissent grâce à des différences narratives : « la dénonciation de certains vices
du monde » dans le tiers inférieur du panneau, « les tortures physiques » dans le
tiers central et l’ »apocalypse » dans son tiers supérieur.
Les divisions ne
correspondent plus à des différences de profondeur de camp :
-dans le tiers inférieur du panneau, de nombreux personnages supportent des
tortures infligées par des êtres hybrides, composés d’un corps humain et d’une tête
animal (lapin et oiseau notamment). Le plus visible de ces êtres est un personnage à
tête d’oiseau assis sur une chaise percée, dévorant un humain et en déféquant
d’autres. Les scènes de torture se déroulent avec la participation d’instruments de
musique (harpe, cithare, flûte, tambour, trompette, ...) au point que le panneau est
connu comme « l’enfer des musiciens ». Si dans le panneau central régnait la luxure,
dans l’Enfer les Péchés Capitaux ils sont punis ; en outre, on trouve des punitions
pour les vices de l’époque comme le jeu (cartes ou dés) ou pour certaines classes
sociales comme le clergé ( un cochon déguisé en nonne qui embrasse un homme
nu).
-dans le tiers central, les personnages nus subissent des supplices ; le froid
s’impose : l’eau d’un lac est gelé sur le quel des personnages nus patinent, pour
représenter le châtiment aux envieux. Deux éléments se détachent particulièrement
dans cette scène : une lame de couteau enchâssée entre deux oreilles et un
personnage sans bassin ni jambes appelée « l’Homme arbre ». Cette figure constitue
une base autour de laquelle l’oeil du spectateur peut se repérer dans l’oeuvre et elle
est essentielle à la compréhension de sa structure.
-enfin, dans le tiers supérieur, sur un fond chromatique très sombre, presque noir, les
personnages sont beaucoup plus réduits et donc, plus difficilement identifiables.
Dans l’obscurité, une ville est en flammes. C’est l’Apocalypse.
Opinion personnelle:
J’ai choisi ce tableau parce que pour moi, il s’agit d’un vrai chef-d’oeuvre. Dès la
première fois où je l’ai vu dans un livre lorsque j’étudiais au lycée, il a attiré mon
attention. En fait, quand je suis arrivé à Madrid pour suivre mes études, l’une des
premières choses que j’ai faite, a été d’aller au musée du Prado pour l’admirer,
calmement, dans toute sa splendeur.
Le peintre est un vrai maître pour utiliser les couleurs, pour mettre en valeur les
nuances entre les nombreux personnages (presque miniatures) et le paysage, ainsi
que différents milieux.
J’aimerais souligner le fait que le peintre soit capable de représenter d’une façon si
facile, avec une géométrie impeccable, les neuf scènes sur les trois volets : c’est
comme s’il nous montrait neuf petits tableaux en un seul.
Il faut prendre en compte l’énorme quantité de personnages utilisés et la capacité du
peintre pour inventer la plupart d’entre eux : moitié humains, moitié animal ou moitié
nature.
A mon avis, l’utilisation d’une telle quantité de personnages est seulement
comparable à « la chapelle Sixtine ».
Finalement, étant donné que j’ai eu l’occasion de choisir, j’ai choisi ce tableau, parce
que pour moi, c’est « le tableau ».